L’objectif de ce voyage était de découvrir le cyclotourisme, totalement nouveau pour moi et la France, que je connaissais finalement assez peu.

Est-ce que je suis capable de pédaler tous les jours ou presque pendant 5-6 heures, de gravir des cols longs de 20 kilomètres, endurer le froid et la pluie ?

J’ai maintenant les réponses aux questions que je me posais avant de partir.

Je ne regrette pas d’avoir commencé par des boucles de 3 semaines – 1 mois au printemps et en été. J’ai appris petit à petit, laissant à chaque fois des affaires ou du matériel superflus. J’aurais pu visiter une région de plus, comme la Bretagne par exemple, la grande oubliée, mais ces 5 mois devaient me permettre d’être prêt pour voyager durant l’automne et surtout l’hiver. Les régions sur lesquelles j’ai fait l’impasse, j’aurai le temps dans le futur de les visiter en les incorporant aux futures destinations (Est de la France, Massif Central et Alpes principalement).

Au fil des rencontres faites avec des voyageurs et ce que j’ai vécu, mon projet initial de parcourir l’Europe pendant 5 ans non stop me paraît irréalisable telle que je l’avais imaginée. (printemps et été au nord et à l’est, automne et hiver au sud). Je pouvais passer au mieux 3 hivers dans le Sud (Espagne-Portugal, Italie, Croatie-Grèce-Turquie). Puis 5 ans sans interruption peuvent fatiguer aussi bien le corps que la tête.

J’ai beaucoup réfléchi et je suis arrivé à la conclusion que j’aurai besoin de 7 ans pour découvrir le plus petit des continents, avec des pauses de 4 mois certains hivers. Qui veut aller loin doit savoir se ménager.

Je me suis rendu compte à quel point la France est un pays extraordinaire malgré sa superficie somme toute restreinte à l’échelle de la planète. Richesses des paysages divers et variés, des cultures, du patrimoine, de l’histoire. Seules la partie nord de la France et l’intérieur des terres en Normandie ne m’ont pas emballées. Quelques régions comme la Brie, la Beauce ou les Landes (sauf la côte) m’ont parues longues à traverser mais en 2 jours, les paysages changeaient. L’ennui a donc été assez restreint.

Ce voyage a également été une extraordinaire aventure humaine avec des rencontres magnifiques, la plupart grâce aux réseaux d’hospitalité. Plus que les paysages, ce sont ces rencontres qui resteront mes meilleurs souvenirs. Mais le revers de la médaille, c’est que je connais des gens aux 4 coins de la France, et même avec la meilleure volonté du monde, je ne les reverrai pas la plupart. Ma plus grande déception restera la rencontre avec les locaux. Beaucoup hésitait à venir vers moi. Il est vrai que je ressemble plus à un étranger qu’à un Français et que les gens ont plutôt peur de parler anglais mais je m’attendais à autre chose. J’ai l’impression que les gens ont peur. Vivement l’Europe, en particulier les Balkans.

J’ai conscience que j’ai commencé par le plus facile. Langue maternelle, belles routes goudronnées, environnement familier, système de santé efficace en cas de coup dur, magasins de vélos un peu partout. J’ai regretté le manque d’aventures pendant ce périple mais le plus beau moment restera le causse Méjean, dans le centre de la France. Ce petit bout de terre, surnommé la petite Mongolie, m’a donné un aperçu de cette aventure que beaucoup de voyageurs recherchent. C’est sur ces 800 km² (environ) que j’ai ressenti la plus grande émotion : la liberté totale.

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