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J'enfile les cols tels les perles
Vendredi 8 juillet 2011
Le Grand Bornand – Cormet de Roselend
85,24 km parcourus en 5h42 soit 14,9 km/h de moyenne. Vitesse max 60,5 km/h. Dénivelé 3010m.
Paysage 
- difficulté 
Encore un réveil avant 07h pour un départ tôt ce matin. Au festival des voyageurs à Mijoux, un cyclo m’avait dit que passer la nuit au Cormet de Roselend valait plus que le coup car l’endroit est très sauvage. Dans ma tête ça a fait tilt. Il faut que j’y sois ce soir mais pour cela, il faudra monter plusieurs cols avec presque 3000m de dénivelé au total, c’est énorme. Je n’ai jamais fait autant !
Il fait super beau, la journée commence idéalement.
Je commence par le col des Aravis, la circulation est intense sur la route jusqu’à la station de La Clusaz mais ensuite je suis tranquille.
Ce col est très régulier et se monte très bien. Normal, je commence la journée, je suis très frais. Au sommet je suis récompensé par une vue magnifique sur le mont Blanc mais je ne m’attarde pas trop car chaque mètre carré est occupé par des boutiques de souvenirs.
La descente ne pose pas trop de soucis à part un petit passage qui remonte un peu. C’est dur de remettre la machine en route quand on ne pédale pas pendant plus de 10 km.
Plus léger, plus rapide.
A Flumet, je commence la montée au col des Saisies directement, je n’ai pas de vallée à remonter, car qui dit vallée dit trafic sur la route. C’est une montée de 15 km mais là encore c’est très régulier, en dehors de 2 passages un peu plus raides. Je commence à me dire que le bivouac de ce soir s’annonce plutôt bien.
La station des Saisies est horrible, c’est encore une usine à touristes avec ses boutiques le long de la seule rue de la station. Ce n’est pas le genre d’endroit où j’aimerais planter la tente. Néanmoins je fais la connaissance d’Anna et de 2 Tchèques, ce qui permet de discuter et de souffler un peu.
Les paysages depuis ce matin sont très beaux, ça y est je suis vraiment dans le montagne. Depuis le temps que je l’attendais.
Beaufort et son fromage, huummmmm.
La descente vers Beaufort se fait à vive allure sur un très bon revêtement et j’arrive juste à l’heure pour acheter la nourriture pour ce soir. Contrairement à mes habitudes, je déjeune tôt car ensuite je m’attaque à du dur et je ne veux surtout pas manquer de forces dans la montée. Pendant le déjeuner j’ai le temps de discuter avec des cyclos néerlandais. C’est fou le nombre de rencontres que je fait aujourd’hui.
Pour aller au cormet de Roselend, j’opte pour la petite route qui passe par le col du pré, 1000m de dénivelé sur 13 km, c’est du costaud, presque du 8% de moyenne.
Je me câle dès le début sur le petit plateau et j’avance. Je trouve mon rythme dès le début et le monte pépère. Dans le dernier village avant le col je me renseigne sur la météo et les points d’eau sur la route. Les 4 derniers kilomètres sont difficiles, je mets une dent en plus, je commence à être usé.
Le temps change et je ne vois plus rien d'un coup.
Au col du pré, je sors du brouillard comme j'y était entré, brutalement.
Arrivé au col, je m’écrie : « Wwwaaaooouuhh !! ». Qu'est-ce que c'est beau. Je me répète plusieurs fois "c'est pas possible" tellement je suis émerveillé de ce que je vois. La vue sur le lac de Roselend est incroyable, sa couleur aussi. C’est le grand bonheur.
C'est irréel.
Je perds 250m en altitude lorsque je m’attaque à la dernière difficulté de la journée, le cormet de Roselend (à partir du 12è km sur le graphique). Aujourd’hui j’ai débuté par un col à 1000m, puis 1450m, puis 1650m, ensuite 1750m pour finir à 1968m d’altitude. Belle progression !
Je ne sais pas si je vais trouver un torrent au col, je remplis la poche à eau. Allez 8 kg en plus sur le vélo.
Je pensais avoir du mal mais au contraire les jambes tournent très bien, je me surprends moi-même. Les paysages deviennent sauvages, je me ravitaille à 3 km du col en eau. Et bien cela se sent 10 kg en plus sur le vélo. Finalement j’arrive à 17h au col. Je l’ai fait ! J’ai réussi, je n’en reviens pas.
Je fais un brin de causette avec des cyclos allemands qui viennent du sud et rentrent chez eux en Sarre par la grande routes des Alpes. Puis je me mets à la recherche du bivouac idéal. Il ne me faut pas beaucoup trop de temps pour le trouver, je suis tout excité à l’idée de dormir dans un tel lieu. Quelle journée de rêve j’ai vécu ! C’est incroyable. Je suis heureux comme tout. Quelle récompense après cette journée marathon.
J'adore ce moment de la journée. Que vais-je trouver au bout de ce chemin ?
Le bonheur, tout simplement.
